En 2006, Jemaine Clement et Taika Waititi, réalisateurs néo-zélandais, réalisent un court-métrage , What we do in the Shadows (littéralement : « Ce que nous faisons dans l’ombre »), sur une colocation de vampires . Ils reprennent l’idée en 2014, cette fois-ci pour un long-métrage du même nom. Dans une petite maison cohabitent Vladislav (interprété par Jemaine Clement et inspiré de Vlad l’Empaleur alias Dracula), Viago (interprété par Taika Waititi et inspiré de Louis dans Entretien avec un Vampire), Deacon (inspiré de Lost Boys) et le doyen Petyr plus discret (inspiré par Nosferatu). On assiste, toujours avec beaucoup d’humour, à l’apprentissage de la vie vampirique par le nouveau vampire Nick, à l’arrivée du nouveau colocataire humain, leurs sorties en ville, leurs « chasses », les heurts avec les loups-garous… Documentaire oblige, les événements filmés à l’épaule sont régulièrement entrecoupés par des passages où chaque vampire commente ou explique la situation. Les effets spéciaux savent se faire oublier et les situations sont filmées de façon tellement réalistes qu’on finit par croire à l’existence de cette colocation. Le tout est surtout très drôle, le film jouant sur les différents stéréotypes des vampires et sur la difficulté pour eux de s’intégrer au monde moderne. C’est à mon avis le seul film où vous verrez un vampire faire la vaisselle ou le ménage : même Edward Cullen ne s’était pas adapté à ce point !
Passons à présent à la version française : effectuée par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine, celle-ci se veut une adaptation inédite mais fidèle. Les 2 compères, plus connus sous le nom de Nicolas et Bruno, ont écrit le scénario adapté du roman 99 Francs (un de mes films et livres préférés), réalisés l’adaptation française de The Office (Le Bureau) pour Canal + ou encore réalisés récemment Le Grand Méchant Loup , un divertissement assez honnête. Mais ce sont aussi des habitués du détournement : c’est à eux que l’on doit Message à caractère informatif, où ils doublaient de façon parodique des films institutionnels ou encore Amour, Gloire et débat d’idées où ce processus était appliqué à une telenovela vénézuélienne. C’est ce procédé qui est appliqué pour What we do in the Shadows, renommé Vampires en toute intimité pour la version française.
Adaptation française oblige, la petite ville devient Limoges, Viagio devient Aymeric, Vladislav devient Geoffroy (ce que je regrette car l’on perd l’allusion claire à Vlad/Dracula), Deacon devient Miguel et Petyr, Bernard. Pour ce détournement, les deux compères s’adjoignent les services d’Alexandre Astier dans le rôle de Vladislav/Geoffroy, qui colle parfaitement au rôle, Fred Testot dans le rôle de Deacon/ Miguel et Bruno Salomone dans le rôle de Nick/ JC. Le doublage est bon, même si fait de façon « détournement » et donc peut-être un peu plus marqué dans le parodique que l’original. On s’y fait cependant très vite. Je n’ai eu l’occasion de voir que des extraits de l’oeuvre en version originale pour le moment (même si je compte bien me rattraper très vite) et il m’est donc difficile de faire un comparatif réel de ce point de vue de là, d’autant plus que la majorité du comique vient d’un comique de situation. En ce qui concerne l’équipe du site, en tout cas, nous avons bien accroché aux dialogues français et au film en général.
Le film a d’abord été mis en disposition en E-cinéma le 30 octobre 2015 (il n’est plus disponible sur ce circuit de diffusion). Depuis le 27 janvier, il est disponible en DVD, bluray et VOD et distribué par Wild Side. Nous vous conseillons vivement son achat : ce documentaire imaginaire apporte sur les vampires un coup de frais salutaire. Qui plus est, si vous êtes comme moi fan de ses créatures aux dents pointues, vous ne pourrez qu’apprécier les différentes allusions aux oeuvres existantes. C’est réellement notre coup de coeur de début d’année !