La Petite Mort est une bande dessinée qui a plusieurs particularités.
La première, c’est qu’elle est écrite et dessinée par Davy Mourier, qui n’en est pas à son coup d’essai dans la bande dessinée (41 Euros pour une poignée de psychotropes , Mouarf, journal d’un geek dépressif). Il est par ailleurs acteur avec son ami Monsieur Poulpe dans des petites séries comme Nerdz ou Karaté Boy dont ils sont à l’origine. Enfin, il est aussi animateur pour la petite chaîne non moins geek Nolife. On pouvait donc s’attendre à trouver quelques références geek dans ce nouvel ouvrage.
La deuxième, c’est qu’elle est préfacée par M. Alexandre Astier lui-même, excusez du peu.
La troisième et dernière, c’est qu’elle met en scène La Petite Mort, enfant allant à l’école publique dont le destin est de tuer des gens, comme Papa Mort, mais qui voudrait bien devenir fleuriste. Il a un cartable Hello Kittu, ce qui contribue encore plus à ce que les autres enfants le mettent à l’écart, son aspect et ses propos étant déjà peu engageants. Car la Petite Mort, comme Papa Mort, porte un long suaire noir à capuche et n’a que la peau sur les … non, attendez, il n’a que les os. Malgré ça, les autres enfants ne le craignent pas, ils le prennent plutôt comme souffre-douleur. Sa vie est ponctuée par son camarade de classe qui veut absolument devenir son ami, l’apprentissage de son futur métier, sa camarade pour laquelle son petit coeur absent bat très fort (façon de parler) et ses doutes sur sa destinée.
Mais n’allez pas croire que La Petite Mort est une bande dessinée que sérieuse. C’est un petit bijou d’humour noir, la famille Mort est attachante : on aurait presque envie de la rencontrer si on ne savait pas ce que cela signifiait. Ce livre nous fait rire de la mort tout en parvenant à parsemer des moments d’émotions réelles, que ce soit lorsque la Petite Mort se questionne sur son destin ou d’autres moments plus poignants que je n’ébruiterai pas ici, histoire de ne pas dévoiler trop l’histoire.
Graphiquement, l’histoire est composée de plusieurs parties. L’histoire principale concernant la Petite Mort est essentiellement en noir et blanc, à l’exception de quelques touches de couleur rouge, jaunes ou vertes. Elle est entrecoupées de publicités détournées dont les couleurs voyantes tranchent d’autant plus avec le reste de l’histoire, de faux documents type carnet de souvenirs ou lettre qui permet de s’attacher un peu plus aux personnages ou encore de bandes dessinées de style différent. Celles-ci s’éloignent du personnage de la Petite Mort pour se concentrer plus sur une histoire parallèle (le spationaute Buzz Aldrin) ou les personnages secondaires (le chat Sephi) et forment comme une parenthèse dans l’univers très noir du reste de la bande dessinée. Le ton y est un peu moins morbide mais reste assurément dans l’humour noir, les couleurs y sont présentes, parfois vives, parfois pastels.
On trouvera dans les tee-shirts des personnages, les posters au mur ou les fausses publicités des références détournées à des produits de culture geek comme Pokémon ou Hello Kitty mais aussi et surtout à de nombreux programmes créés par Davy Mourier.
Aux qualités de la bande dessinée s’ajoute le principe de Réalité Augmenté qui permet grâce à l’application Layar, lorsqu’on scanne certaines pages comportant un crâne, d’avoir accès à des contenus supplémentaires comme des explications de l’auteur sur certains sujets, une représentation 3D en réalité augmentée de la Petite Mort ou l’accès au jeu dérivé. Celui-ci n’est pour le moment disponible qu’en application pour produits Apple : il permet d’incarner la Petite Mort qui doit, dans de courts niveaux type plateforme, faucher des âmes le plus vite possible afin de les ramener au Réfrigérium. Un peu difficile de prise en main lorsqu’on n’est pas doué sur ce type de jeu, il a l’avantage d’être gratuit et de bien reprendre les idées et les graphismes de la bande dessinée et peut permettre de passer plus agréablement les longs voyages en transports en commun.
Pour lire les premières pages de la bande-dessinée, rendez-vous ici : http://www.editions-delcourt.fr/special/lapetitemort/
La petite Mort : Editions Delcourt, à peu près 100 pages. Prix public : un peu moins de 15 euros. ISBN : 2756042560